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Le Phare du Kanaal, un co-working gourmand ancré dans Bruxelles

26 septembre 2016

Les vacances sont bel et bien finies! On retourne au boulot pour de bon mais chez Hotpopote, quoi qu’il arrive, on pense toujours (aussi) à manger! Chance, Le Phare du Kanaal dispose d’un double espace: un co-working lumineux adapté à toutes les envies en haut et un magnifique café – restaurant en bas. Travailleurs, gourmands, passants, habitués du quartier… Chacun y trouve son compte, à toute heure de la journée.

Nous avons rendez-vous avec Hanna. C’est elle, la créatrice du Phare du Kanaal. Mais ce n’est pas une raison pour se tourner les pouces! A notre arrivée, elle fristouille derrière son grand comptoir. Pour l’instant, tout est calme dans le Phare, Hanna nous a donné rendez-vous avant midi « pour éviter le rush ».

Quelques clients profitent des dernières chaleurs de l’été en sirotant un thé glacé maison sur la terrasse, face aux péniches qui passent sur le canal. D’autres discutent sérieusement, éclairés par l’incroyable lumière qui pénètre dans le Phare.

 

« On a voulu s’adapter à cette nouvelle génération de travailleurs indépendants »

A cette heure-ci, c’est à l’étage que les clients se cachent, dans l’espace de co-woring. Après quelques marches, nous nous retrouvons face à trois salles, toutes de tailles différentes. Il ne reste plus qu’à faire votre choix: l’une est silencieuse pour rester concentré, l’autre permet d’échanger des idées à voix haute et la troisième, qui possède un vidéo projecteur, peut servir de salle de réunion. « On a même fait des bureaux pour se tenir debout! », nous indique Hanna en nous montrant un plan surélevé en bois. « Grâce à ça, il est possible d’écrire en se tenant bien droit. Ça change, quand tu en as marre de la position assise! »

Le Phare propose plusieurs formules à ceux qui veulent profiter de cet espace. « C’est l’abonnement de 10 jours qui fonctionne le mieux », nous confie Hanna. « C’est comme une carte de piscine! Tu viens dix fois sur la période que tu veux: un mois, un an, deux ans… C’est comme tu veux. L’abonnement au mois, c’est une sécurité pour les espaces de co-working. Mais en proposant cette formule à la carte en plus, on a voulu s’adapter à cette nouvelle génération de travailleurs indépendants ».

L’espace de travail est bien dissocié du café-restaurant. « Evidemment, s’ils le veulent, ceux qui bossent ici peuvent descendre pour manger. Ils profitent  même de prix plus intéressants en faisant  partie du co-working.  Après, s’ils veulent ramener leurs tartines, ou leur petit plat, ils le peuvent… Bon, on préfère bien-sûr que cela ne soit pas un gros cassoulet! », plaisante Hanna.

Hormis « une petite participation pour l’imprimante », chaque co-worker a droit à un accès wifi et du thé ou du café à volonté. Pas la peine de descendre, même des petits gâteaux vous y attendent!

 

« Après mon association avec Julien, tout était encore à faire! »

En reprenant l’escalier, nous tombons justement sur Julien, l’associé de Hanna qui est aussi le maître du sucré dans le Phare ! Factures à la main, « bananes dans le sac », cheveux en vrac à cause de son casque de moto, il vient tout juste d’arriver.

Le Phare du Kanaal restaurant coworking bar Molenbeek Bruxelles Brussels - HOTPOPOTEDans le café restaurant, autour d’une grande tablée, les deux amis profitent d’être réunis pour nous expliquer leur rencontre. « On bossait tous les deux à l’Arrière-Pays« , explique Hanna. « Quand j’ai commencé à monter le projet, j’avais besoin de mettre de l’argent de côté donc j’ai travaillé pendant un petit temps dans l’horeca. En décembre, j’ai demandé à Julien s’il était d’accord de s’associer avec moi. Après mon association avec lui, tout était encore à faire: la carte, la cuisine, les travaux…. Mais au mois de septembre suivant, on a ouvert ! »


Du cassoulet à la frite-mayo 

Ce projet, il a germé et grandi dans la tête d’Hanna après qu’elle soit arrivée à Bruxelles pour travailler à la Commission européenne. 

 « J’ai eu cette idée quand j’ai vu le nombre d’indépendants qui y gravitaient, que ce soit dans les institutions européennes ou même dans mon cercle d’amis », explique-t-elle. « Je trouvais qu’il manquait un concept comme il y en a beaucoup dans d’autres grandes villes européennes : un café resto assorti d’un espace de co-working ». La jeune entrepreneuse ne vient pas d’ici. Si elle a prononcé le mot « cassoulet » ce n’est pas pour rien, elle arrive tout droit de Paris !

 

« Dans une ville à taille humaine comme Bruxelles, tu es mieux accompagné »

Dans sa ville natale mais aussi à Berlin ou Amsterdam, Hanna a fait le tour des co-working pour voir ce qui se faisait de mieux. « Là-bas, il y a énormément d’espace comme ça, c’est fou. On a pris de l’inspiration partout puis on a ajouté notre touche. »

Hanna n’a pas longtemps hésité : pour matérialiser son projet, pas question de retourner à Paris, même si elle y a passé toute sa vie jusqu’ici. « Monter un café là-bas, c’est beaucoup d’argent, beaucoup de temps, donc beaucoup plus risqué.  Dans une ville à taille humaine comme Bruxelles, tu es mieux accompagnée. J’étais impressionnée par le nombre de structures d’aide pour les jeunes indépendants et les entrepreneurs ! »

Le Phare du Kanaal restaurant coworking bar Molenbeek Bruxelles Brussels - HOTPOPOTE

Aujourd’hui, Hanna ne regrette pas sa migration. « Je n’ai que des potes bruxellois. J’en ai marre des Parisiens ! », lance-t-elle, avant de se reprendre. « Bon, bien-sûr, je reviens de temps en temps à Paris, ça reste ma ville, je l’aime beaucoup. Je suis consciente que c’est magnifique et au niveau culturel, il y a plein de choses. Mais je suis très contente d’avoir un Thalys qui me transporte en 1 heure 20 Gare du nord pour m’emmener voir ma famille et mes amis! »

 

« A Bruxelles, je suis plus posée qu’à Paris. La qualité de vie n’est vraiment pas comparable »

« Une fois que j’y suis, je redeviens Parisienne et je deviens insupportable !« , constate Hanna. « Je suis sur mon vélo et je klaxonne tout le temps ! Je reprends ces mauvaises habitudes et je me dis ‘Putain !’ Mais je ne suis pas comme ça à Bruxelles ! Rien n’y fait, quand tu es à Paris, tu t’adaptes. J’y ai vécu quasiment toute ma vie. C’est tellement speed comme ville que je reprends vite le pli. »

« Je n’aime pas être comme ça », nous dit Hanna. « Je n’aime pas être tout le temps speedée, courir pour avoir le dernier métro, payer 10 euros ma bière et avoir un loyer de 900 euros pour un 30 m carré ! Ici, je suis plus posée, il y a une qualité de vie qui n’est vraiment pas comparable. Je trouve que vivre à Bruxelles et y travailler, c’est un vrai plaisir. »

 

De Paris à Molenbeek

Quitter Paris pour Bruxelles, c’est une chose, mais de là à créer son projet le long du canal, à Molenbeek, les Français dans son cas ne doivent pas être nombreux. Hanna et Julien se sont retrouvés là « un peu par hasard ».

« Comme l’idée était de faire un espace de co-working, il fallait qu’on trouve où se situent les freelance, les indépendants. Habitant Saint Gilles, j’avais vraiment ciblé ce quartier là ou celui du centre. Mais pendant 5 mois je ne trouvais rien qui s’adaptait au concept ».

 

« Le cadre est hyper agréable, avec une chouette vue sur le canal »

Hanna était à la recherche d’un grand espace divisible en deux parties bien distinctes. « Finalement, c’est en me baladant le long du canal que j’ai vu une affiche à louer, et je suis rentrée. »

Hanna se trouvait alors dans un ancien showroom des tissus du chien vert. « On s’est dit « on veut ce lieu là ! »  Après ça, on a fait par après une étude de marché à l’envers ! On s’est demandé « Qu’est-ce qu’il y a dans ce quartier ? Je ne connaissais pas du tout ce coin de Bruxelles », reconnais Hanna. « Finalement… C’est top ! On est hyper contents ! »
« Le cadre est hyper agréable, avec une chouette vue sur le canal »,
ajoute Julien.  » C’est hyper ensoleillé et super pour travailler. »

Le Phare du Kanaal restaurant coworking bar Molenbeek Bruxelles Brussels - HOTPOPOTE

La satisfaction et l’entrain d’Hanna et Julien ne semblent pas être retombés depuis l’ouverture, même avec les événements survenus en mars dernier, qu’ils ne s’étaient pas imaginés.

A peine un mois après leur ouverture, Molenbeek s’est vue petit à petit coller l’étiquette de ‘fabrique à djihadistes’, ‘no-go zone’, ‘foyer de terroristes’. Si les attentats s’étaient déroulés avant qu’ils prennent la décision s’installer là, Hanna certifie que son choix aurait été le même.

« Non, franchement ça n’aurait pas influencé ma décision », assure-t-elle. « Je savais très bien comment ça allait être : une tempête médiatique pendant un mois puis ça allait se calmer ».

« Depuis les attentats, Molenbeek devient un peu un lieu touristique ! »

C’est ce qu’il s’est passé… Avant que d’autres viennent sonner à leur porter pour tout autre chose : redorer le blason de Bruxelles et de Molenbeek. « Plus tard, on a eu l’inverse : plusieurs médias sont venus jusqu’au Phare pour promouvoir les bons côtés de Molenbeek… Limite, la commune devient un peu un lieu touristique ! », observe-t-elle avec plaisir.

Aujourd’hui, Hanna ne cesse de découvrir les plaisirs de ce coin de Bruxelles. « Il y a plein de trucs, le Mima, le marché bio dans la rue de l’avenir tous les mercredis, potentiellement un boulanger qui va ouvrir juste à côté. Beaucoup de choses se développent, c’est cool d’être arrivés là. Les gens du quartier sont hyper contents. Ils nous disent merci ! Avant, ils devaient chaque fois traverser le canal pour trouver un truc ! »

 

« On était juste deux, maintenant on est six ! »

Le phare du Kanaal a soufflé sa première bougie le 24 septembre. Depuis l’ouverture il y a un an, l’équipe s’est beaucoup agrandie. « On était juste deux, maintenant on est six ! », remarque Hanna.

« Le Phare aurait pu démarrer beaucoup plus lentement, on a dû se poser certaines questions plus vite que prévu », raconte Julien. « On s’est rapidement dit ‘ il y a trop de monde, il faut qu’on embauche ! ». Ce sont des questions qu’on pensait se poser après huit mois ou plus, mais c’est arrivé à quatre mois ! », se réjouit-il aujourd’hui. « C’est vrai qu’on a pas à se plaindre. Ça tourne, ce n’est pas le cas de plein d’endroits dans le centre », ajoute Hanna.

 

“Je spreekt een beetje, j’essaye!”

Les nouvelles recrues viennent aussi de Flandre et des Pays-Bas, une bonne chose pour accueillir les clients néerlandophones. “Je spreekt een beetje, j’essaye”, tente Hanna avec le sourire. “Il y a énormément de flamands qui viennent au Phare. Mais quand je dis que je suis française, mes lacunes passent mieux ! »

Si Julien est spécialisé dans les gâteaux et pâtisseries c’est Camille qui s’occupe du salé. L’heure avance, il est presque midi et on peut la voir s’affairer en cuisine. « Elle possédait son resto place du jeu de balle qui s’appelait ‘Chez nous’ Mais il a fermé parce que son associée est rentrée en France », nous explique Hanna. « Elle aussi est française, on n’imagine pas combien il y a de Français à Bruxelles ! », rigole-t-elle.

 

« On travaille sur du circuit court, le menu dépend de ce qu’on dispose »

« Les plats du jour c’est elle qui décide », explique Julien. « Mais on s’accorde beaucoup en fonction de ce qu’on trouve. On travaille sur du circuit court donc le menu dépend de ce qu’on dispose. »

Le Phare du Kanaal restaurant coworking bar Molenbeek Bruxelles Brussels - HOTPOPOTE

Julien se réjouit : « On a réussi à avoir de chouettes producteurs et de bons arrivages. Grâce à cela, on a accès à des produits de bonne qualité. Et en plus, l’argent va directement dans la poche du maraîcher ! C’est quand même agréable de pouvoir adopter cette logique-là ! »

« On bosse aussi avec un pêcheur », nous apprend Julien. « Il nous fait un chouette prix pour son poisson, mais à nouveau, on ne le choisit pas ! Il est pêché le mardi en mer du nord et arrive chez nous le jeudi. Pour le reste, le Phare se fournit en centrale bio. »

La carte varie donc du jour au lendemain au Phare. « C’est la surprise pour les clients comme pour les cuisiniers, mais c’est chouette pour ceux qui passent tous les jours ici parce qu’ils travaillent dans le coin par exemple ».

« Et aujourd’hui on est jeudi, tous les jeudis c’est burger maison ! », souligne Hanna, encore étonnée de ce succès. « C’est le seul truc récurrent, il cartonne chaque fois, donc on a décidé de le laisser ! »

En plus des déjeuners et du lunch, Le Phare reste ouvert pour l’apéro jusque 20 heures. L’occasion de manger une planchette accompagnée d’une bonne bière, locale elle aussi. « On propose des bières de Bruxelles. Elles viennent de Beer project, de la Brasserie de la Senne, on a aussi de l’Illegaal, de la pils de brasserie Dupont ou encore de la brasserie En Stoemelings située dans les Marolles. »

 

C’est un lieu de quartier, on a envie que les gens se rencontrent, qu’ils partagent un truc »

Hanna et Julien ne s’arrêtent pas là pour ancrer le Phare dans son environnement bruxellois. « Le Phare, c’est vraiment un lieu de quartier, on a envie que les gens se rencontrent, qu’ils partagent un truc« , souligne Hanna.

Au Phare s’est déjà tenu le vernissage de « Faces », une exposition extérieure le long du canal qui donne à voir aux passants plusieurs portraits grand format, les visages du quartier.

« Il y a  deux mois on exposait aussi ici les photos d’Elisa, une voisine qui est top model et aussi photographe ! », explique Hanna.

 

« A chaque expo, le but est d’avoir un lien avec Bruxelles et au mieux, avec Molenbeek »

« Les expos varient tous les deux ou trois mois environ. A chaque fois, le but est d’avoir un lien avec Bruxelles et au mieux, avec Molenbeek. Bien-sûr, si ce n’est pas le cas, tant pis, on n’est pas sectaire, c’est surtout le lien avec Bruxelles qui est important ! »

Lors de notre visite, ce sont les oeuvres de femmes de la prison de Berkendael, à Forest, qui étaient mises à l’honneur. Elles ont été sélectionnées sur base des résultats d’un atelier peinture qui se tient tous les jeudis dans l’établissement. « Et il y a aussi des installations sonores aux toilettes ! », nous apprend Hanna. « Les gens aiment beaucoup ! On peut écouter les témoignages, c’est hyper touchant de les entendre. On s’est dit que les mettre dans cet endroit, c’est chouette parce ça permet à la personne d’être seule, d’allumer et d’écouter tranquillement si elle en a envie. Si pas, le témoignage écrit est affiché aussi. »

Le Phare du Kanaal restaurant coworking bar Molenbeek Bruxelles Brussels - HOTPOPOTE

Le 21 octobre prochain, une nouvelle exposition sera affichée sur les murs du Phare, en association avec l’Asbl Gsara. « Ils ont donné plein d’appareils jetables aux gens de Molenbeek et leur ont simplement dit de prendre des clichés de leur quartier », explique Hanna. « Ils ont développé des images vraiment chouettes! »

 

« On était tous les deux passionnés par ce qu’on avait envie de faire, ça se ressent »

Même si leurs formations ne les destinaient pas au départ à tenir Le Phare, le duo Hanna-Julien semble faire des étincelles. « Avec ou sans formation, c’est sur le tas que tu apprends », remarque Hanna. « On était tous les deux passionnés par ce qu’on avait envie de faire. C’est ça qui joue le plus, ça se ressent. Je pense que l’important c’est d’aimer ce qu’on fait »… « Et d’avoir le temps! », ajoute Julien avec le sourire. 

« Oui, il faut être très disponible pour son boulot », admet-elle. « Je sers le midi puis les après-midi aussi. Le matin, je bosse sur l’admin, la com, les plannings, fiches de paye… Ma vie sociale à côté, elle est difficile! Mais c’est hyper important d’en avoir une, il faut arriver à avoir une coupure. L’intérêt d’être deux, c’es que le Phare peut continuer de tourner quelques jours sans l’un ou l’autre. »

 

« La suite? On y pense! »

Face à un tel succès et une motivation qui ne retombe pas, on se demandait bien ce que le duo avait comme autre idée sous la main. « La suite ? On y pense! », répond Hanna avec un petit sourire au coin des lèvres. « On a plein plein d’idées! On est hyper contents mais ça ne fait que un an qu’on est là. On fait attention et on va observer comment se passera la suite mais c’est sûr, on se pose des questions, il faudra voir si c’est faisable ou pas… On se renseigne, on a plein de projets! »

Hanna et Julien en diront juste assez pour éveiller notre curiosité… Mais il est midi, et toutes ces histoires ont éveillées notre appétit aussi. Pas la peine d’essayer, le duo ne dévoilera rien et le secret sera bien gardé!

Les clients commencent à affluer dans Le Phare et tout le monde prend son poste. Julien se place derrière le comptoir décoré de desserts pendant que les clients rêvent déjà à la sucrerie qui clôturera leur repas. Hanna, elle, vole entre les tables avec une aisance incroyable armée de son sourire, indécrochable.  

Romane et moi commandons un burger du jour « sauce câpres et tomate séchées, pommes de terre rôties et salade » et un sandwich « Houmous de betterave, légumes rôtis, sésame, feta » en terrasse. Hanna peut être rassurée, face à de telles saveurs, on met notre main à couper qu’aucun co-worker ne serait tenté d’enfumer l’espace de travail avec son cassoulet maison!

Le Phare du Kanaal restaurant coworking bar Molenbeek Bruxelles Brussels - HOTPOPOTE Le Phare du Kanaal restaurant coworking bar Molenbeek Bruxelles Brussels - HOTPOPOTE

 

 

 

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