Quoi de mieux, quand on est Namurois et qu’on choisit Bruxelles pour poser sa valise et ses cheeses, que de jeter son dévolu sur le quartier des Marolles? Au numéro 254 de la mythique rue Haute, les passants, habitants et touristes sont nombreux désormais, à marquer un stop devant la vitrine alléchante de Saint Octave.
D’énormes rouleaux de fromage posés à hauteur des yeux attirent le premier regard. Pas de tenture, pas de grillage, mais un rideau de jambons et saucissons qui pendent au plafond… On s’approche encore et on aperçoit alors Octave, tout sourire, certainement en train de conseiller un client. Depuis la rue, on peut tout voir de sa petite boutique. Mais ce n’est qu’en poussant la porte que vous pourrez goûter à toutes ses joyeusetés qui ne sont pas seulement bonnes à regarder.
Deux semaines seulement après la première ouverture, nous sommes allées prendre la température. Malgré une pause midi quotidienne entre 14 et 16 heures, le ballet des clients n’a jamais cessé. Depuis, Octave a d’ailleurs renoncé à fermer durant la journée!
Il faut dire qu’en quelques jours à peine, les fromages d’Octave ont déjà fait des ravages. Que cela soit auprès d’une infirmière de l’hôpital Saint-Pierre qui vient agrémenter son pique-nique ou auprès de « Marcel la brocante », qui passe plusieurs fois sur la journée pour acheter un bout de fromage qu’il partage avec ses amis de la terrasse d’à côté, Octave n’a pas perdu de temps pour se faire une place dans le quartier.
Sa simplicité, sa jeunesse et sa gentillesse attirent une clientèle aussi diversifiée que ses petits fromages alignés… N’en déplaise à ceux qui lui ont lancé qu’il participait à la « sablonisation » des Marolles.
« Mes amis savent que je ne me prends pas au sérieux »
Bien-sûr, il est difficile de ne pas percevoir qu’Octave a un bagage dans le marketing en entreprise. Mais même s’il a décidé d’abandonner cette voie pour celle du fromage, il a su mettre à profit ici un certain sens du détail qui fait mouche. Debout derrière son comptoir et habillé d’un tablier blanc et d’une casquette griffés « ST.O » Octave a fière allure. Son logo, on le retrouve aussi sur le papier dans lequel il emballe soigneusement les produits sur lesquels vous aurez jeté votre dévolu. Sa boutique est jolie, soignée et bien pensée. Mention spéciale pour la lampe multi-ampoules « machine à traire »! En regardant ce résultat, Octave nous confie finalement qu’il trouve peut-être la boutique « trop chic comparé à ce qu’il s’était imaginé ».
Octave se définit comme un « anti-conformiste ». Et s’il a décidé d’appeler son magasin « Saint Octave », ce n’est pas par abus de fierté. « Mes amis savent que je ne me prends pas au sérieux », nous dit-il. Les autres, ceux qui ne le connaissent pas, le comprendront rapidement en le rencontrant.
Octave est doué d’un bon sens de la communication, mais il est surtout empli d’une grande passion. Il faut dire qu’il lui en a fallu, du courage et de l’envie, pour abandonner son poste de trade marketeur et prendre le risque de devenir indépendant.
Devenir son propre patron
Se rendant vite compte que le monde de l’entreprise n’était pas fait pour lui, Octave n’a pas tergiversé. Après 1 an de formation syntra durant lequel il continue à travailler en parallèle, il fait un rapide passage chez Cru. Mais la grande distribution ne le convainc pas non plus. Durant deux ans, il se forme alors avec « Maitre Corbeau », un fromager de la région de Namur à qui on ne la fait plus. En l’accompagnant sur les marchés le mercredi, il écoute ses conseils et apprend les ficelles du métier. Octave, remonté comme jamais est alors bien décidé: il ouvrira sa propre boutique, sera son patron et tant pis si c’est un risque.
Il faut dire qu’avec un grand-père et un arrière grand-père boucher et des parents indépendants, Octave n’a pas été baigné dans un univers d’employés bien rangés. Mais c’est justement la conscience des risques qui l’ont poussé vers une la voie et la sécurité. « Aujourd’hui, grâce à mon passé en entreprise, j’ai appris à respecter les gens qui bossent dans ce genre de structure », souligne-t-il.
« J’ai trouvé un sens à ma vie »
Le chemin a été long mais aujourd’hui, il se sent mûr et prêt à bosser dur. Derrière son comptoir, il lance sans emphase « j’ai trouvé un sens à ma vie ». Ca y est. Il est là où il voulait être, pour son plus grand bonheur… Et le nôtre.
Octave privilégie essentiellement des fromages au lait cru et de fabrication artisanale. Même si ses parents ne travaillent pas dans le secteur de l’alimentation, sa maman lui a inculqué une certaine sensibilité à l’agriculture bio et au cycle court. Avant d’ouvrir sa boutique, Octave a d’ailleurs réalisé un road trip initiatique à la rencontre de ses producteurs. Pendant plusieurs jours, il a parcouru les routes de France et de Belgique afin de découvrir les vies et les visages derrière ses fromages.
Au total, il s’est gorgé d’une trentaine de rencontres pour revenir à Bruxelles inspiré et conscient du travail de ces petits producteurs passionnés qui travaillent d’arrache-pied. L’espace de sa boutique semble petit mais vous verrez vite que même avec cette taille, on ne sait où donner de la tête. Autre bonne idée pour les indécis; Octave propose chaque mois une « késs » composée de 4 fromages différents pour 15 euros seulement.
Des produits soigneusement sélectionnés
Mais Saint Octave, c’est aussi de la charcuterie Elle aussi, a été sélectionnée avec attention. Vous pourrez vous diriger une charcuterie qu’il définit comme « virile », c’est à dire des saucissons bien de chez nous, du pâté, de la viande de sanglier des Ardennes ou vers des produits plus « fins », en provenance d’Espagne. Entre les deux pays, Octave propose aussi des rillettes bien françaises, qui ont, elles aussi leur petit succès.
Octave ne fait pas les choses à moitié et il n’attend pas qu’on vienne frapper à sa porte pour trouver les meilleurs partenaires avec qui faire affaire. Beaucoup seront ravis d’appendre qu’il vend également un pain artisanal tout droit sorti de La Buvette, qui profite de la chaleur de fours du restaurant Hopla Geiss pour produire son pain. Il est le premier à Bruxelles à les proposer dans son magasin et il souligne fièrement qu’ils sont « sans additifs, sans conservateurs, bio et au levain! ».
Que vous cherchiez à composer un plateau de fromage à tomber ou à déguster un chorizo à se damner, on vous conseille vivement de pousser la porte de Saint Octave. Un dimanche après-midi, profitez du soleil pour vous promener dans ce quartier dont on a parfois tendance à oublier le charme. Et si vous êtes lassés des frites, passez chez Octave pour lui acheter un « cornet de fromages » ou un bout de « vrai » bon pain au levain agrémenté d’une tranche de Serrano fondante… Dépêchez-vous! Quand les producteurs d’Octave ne passent pas tous les jours à sa boutique!
Saint-Octave
Rue Haute, 254, 1000 Bruxelles
Ouvert tous les jours sauf le lundi
Site web
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